Ambiquité


Edito

Ecrit par Pascal Béria

L’ubiquité est résolument un mythe de la modernité. Au « plus vite, plus haut, plus fort » olympien, on pourrait facilement rajouter un « partout, tout le temps » dans lequel le numérique s’est glissé avec aisance et pour notre plus grande satisfaction. L’ubiquité s’est révélée être la vertu cardinale de l’homme pressé, permettant d’occuper tous les fronts et d’être informé instantanément. Une forme de superpouvoir qui, smartphone en main, nous a laissé croire un moment à nos capacités d’omniscience.

La promesse était belle. Mais elle se révèle intenable à l’usage. Cette quête ubiquitaire nous a projetés tout droit dans une société paradoxale, ambiguë, en tension permanente entre un « hypermonde » sans limite et un « altermonde » campé, lui, dans le réalisme. Au centre de cette dualité, nous nous retrouvons tous au bord du burn-out, tiraillés par nos envies technologiques facilitatrices et notre incapacité à changer le cours d’une planète qui se dégrade. Au final, cette formidable opportunité d’ouverture sur le monde nous conduit peu à peu à un repli identitaire qui n’aura échappé à personne.

Pour autant, cette promesse ubiquitaire contrariée ne doit surtout pas être jetée avec l’eau du bain. « Pardonnez-moi mes paradoxes : il faut en faire quand on réfléchit » s’excusait Jean-Jacques Rousseau à un siècle où, comme aujourd’hui, beaucoup de choses étaient à réinventer. Le paradoxe est incontournable dans une époque de transitions. Il ne peut y avoir de solutions sans action. Il faut tester les idées, les frotter les unes contre les autres, parfois accepter de revenir en arrière. C’est la base de tout processus créatif. Et c’est comme ça, aux Napoleons, que nous voyons les choses.

Puisque ce mythe de l’ubiquité est à réinventer d’urgence, nous avons choisi de le questionner lors de notre sommet de Val d’Isère du 8 au 11 janvier prochain. Si, comme nous, vous cherchez des solutions et que vous n’avez pas peur des paradoxes, il est encore temps de nous rejoindre…