La relève de la garde


Edito
onu

Ineza Umuhoza Grace fait partie de la relève. Celle d’une génération pour qui le réchauffement climatique n’est plus une menace statistique, mais une réalité vécue dans sa chair. À l’âge de cinq ans, cette Rwandaise de 27 ans a vu en une nuit sa maison balayée par des pluies torrentielles qui l’ont contrainte à fuir avec sa famille. Une épreuve dont elle a aujourd’hui fait une force et un engagement pour le climat. Celle qui se qualifie d’écoféministe a, depuis, fondé l’ONG « The Green Protector », avec un besoin irrépressible de « crier [son] message encore plus fort pour inspirer d’autres femmes et jeunes gens ». Il y a quelques jours, elle a donc fait le voyage pour Dubaï pour faire entendre cette voix en tant que coordinatrice mondiale de la Coalition de la jeunesse pour les pertes et dommages et demander réparation aux pays les plus responsables du réchauffement climatique. 

À vrai dire, le parcours d’Ineza n’est pas isolé. On assiste à une multiplication de ces actions autour du globe. On se souvient du discours les pieds dans l’eau de Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, pour interpeler sur les conséquences irrémédiables de la montée des eaux en marge de la COP26. Pensons à Mia Mottley, première ministre de la Barbade, convoquant Bob Marley en 2021 au cri d’un « Get Up, Stand Up » accusateur à la tribune des Nations Unies. Ou à la Kényane Elizabeth Wathuti agissant pour la reforestation de son pays. Ou encore à Mitzi Jonelle Tan, originaire des Philippines, luttant pour la justice climatique dans un pays où militer peut se payer cash au prix de sa vie. Ou encore l’Ougandaise Vanessa Nakate, la Mexicaine Maria Reyes, défenseuse des peuples autochtones ou le Burkinabais Yacouba Sawadogo, cet « homme qui plantait des arbres » pour stopper le désert dans son pays et qui s’est éteint à la veille de l’ouverture de la COP28.  

A quel moment une dissidence devient-elle un mouvement ? Précisément lorsque des voix singulières s’accordent autour d’un destin commun. Il existe une connexion forte entre ces voix qui viennent d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie. Et aussi une détermination à faire de leurs combats particuliers une cause universelle. Derrière les postures convenues affichées lors des COP, cette « internationale du climat » fait entendre un son différent dans un concert des nations où les mêmes pays jouent depuis longtemps les solistes. « Ensemble, on va plus loin, mais on nous entend aussi plus fort » semblent-elles dire de concert. C’est une leçon pour un monde qui, visiblement, a de plus en plus de mal à s’entendre.

En janvier prochain, nous aurons le privilège d’accueillir Ineza Umuhoza Grace lors de notre sommet qui a pris pour thème « gagner », histoire de porter cette voix encore un peu plus loin. Car c’est bien d’un combat qu’il s’agit. Celui que nous menons contre nous-même et qu’il est, par conséquent, impossible de perdre. Ineza se plait à rappeler que son prénom signifie « gentillesse ». C’est donc à un combat avant tout bienveillant que nous vous convions. Le seul dont nous puissions sortir collectivement gagnant.

Vous nous rejoignez ?