Quand deux Napoleons font connaissance à Arles – Jean-Christian Agid
Quand deux Napoleons font connaissance à Arles et décident de se revoir à New York, cela donne « Révélations » la première exposition outre-Atlantique en solo de notre ami Jean-Pierre Formica.
Petit retour vers le futur, juillet 2021. Assis dans le TGV des Napoleons en route vers Arles, Jean-Christian Agid découvre dans le programme la présence annoncée à la conférence sur le thème du Plaisir de l’artiste natif de la Carmargue. Un nom qu’il connait bien et une personne qu’il ne pensait pas un jour rencontrer.
New Yorkais depuis plus de 20 ans, Jean-Christian Agid y avait découvert le travail de Jean-Pierre Formica, il l’avait même cité dans un article sur la France.
Comme nous le racontent depuis New York nos deux futurs amis, nous avons ainsi et sans le savoir un peu facilité cette rencontre.
Jean-Christian Agid : Est-ce que tu te souviens du soir où nous avons fait connaissance ?
Jean-Pierre Formica : Ah évidemment ! J’ai aperçu un personnage qui fonçait sur moi en me disant, ‘Ah Formica, vous êtes le peintre Formica. J’adore votre travail et je vous connais… ’
Jean-Christian Agid : Ça oui, cela faisait des années que j’avais découvert tes peintures chez une amie à New York, sur ses murs et dans ta monographie, bien en vue dans son salon. C’est donc cela la sérendipité. Entendre à New York parler d’un artiste français et se retrouver quelques années plus tard soudainement à un diner en Carmargue avec lui. J’avais même évoqué ta peinture, alors exposée à Reims, dans un article écrit quelques semaines plus tôt.
Jean-Pierre Formica : Quand j’ai vu arriver ce personnage sur moi, toi par exemple, j’ai trouvé ça super de me confronter à quelqu’un qui aimait mon boulot. Je ne te connaissais pas, on se vous-voyait à l’époque, et puis de fil en aiguille, tu m’as parlé de nos amis Vranken, de Mondher Abdennadher, des Napoleons, et nous avons dîné ensemble.
JC : Nous n’étions pas seuls à ce dîner, mais avec plus de 350 convives. Cela dit, nous nous sommes retrouvés assis presque face à face—le hasard—autour de cette immense table de 200 mètres de long installée sous les arbres dans les Alyscamps, les Champs-Élysées d’Arles, cet espace doux et vertueux, lieu donc des nécropoles qui datent des Romains.
JP : Là, on a parlé un peu plus longuement sur le travail, sur qui j’étais, sur qui tu étais aussi, pour essayer de comprendre un petit peu qui était cette personne en face de moi qui aimait tant mes peintures. Nous avons tellement parlé qu’au bout d’un moment, je me suis dit, puisque tu aimes tant mon travail et puisque tu y vis, j’aimerais bien exposer à New York.
JC : Je me souviens t’avoir répondu n’avoir jamais coordonné la mise en place d’une exposition à New York.
JP : Mais de suite, tu as dit, pourquoi pas. Cela peut être intéressant.
JC : Un défi, c’est toujours exaltant.
JP : Je me suis dit qu’il fallait faire intervenir Lisbeth, ma femme, dans ce projet que nous étions en train de mener de façon un peu impromptue et un peu vague, essayer de mettre en liaison quelqu’un qui a la manière et le savoir de traiter de ce genre de choses.
JC : C’est ainsi que nous nous sommes revus tous les trois quelques mois plus tard autour d’un café au Flore, boulevard Saint-Germain. Nous nous sommes dits, ‘proposons ce projet à un galeriste new yorkais.’ Et sans t’en parler, je pensais déjà à Franck Laverdin, un explorateur d’artistes dont les espaces d’expositions sont à la taille et l’ambition de tes œuvres.
JP : J’étais encore un peu sceptique. Je me disais, ce personnage s’intéresse à mon travail, mais a quand même muri le projet. Je me suis aperçu que cela pouvait continuer et aller jusqu’au bout.
JC : Mais ce personnage, ce personnage, c’est toi ! C’est toi l’artiste.
JP : Un artiste, le peintre, il fabrique, il porte une idée, mais pour la montrer, il faut les autres, il faut un comportement qui n’appartient pas au peintre. Tel que tu t’es manifesté par rapport à mon travail, tu avais tous les atouts nécessaires à la réalisation de ce projet.
JC : En ce qui me concerne, ce n’était que du plaisir—au demeurant le thème de la conférence des Napoléons à Arles en juillet 2021, l’année de ton exposition à la Chapelle du Méjan à côté d’Actes Sud, l’année où nous dinons ensemble donc pour la première fois. Aujourd’hui, te voilà à New York. C’est finalement grâce à ton épouse, grâce à Franck Laverdin le galeriste, grâce à notre amie Maïlys Vranken, que cette exposition ouvre aujourd’hui.
JP : Je trouve formidable de faire une exposition là, en 2022, dans cet espace très vaste, dans cette galerie très belle où je peux présenter des grands tableaux, avec une visibilité sur la rue.
JC : Et c’est une semaine dédiée à l’art ici. De nombreux salons sont organisés dont l’Armory Show. Qu’as-tu choisi de présenter dans cette exposition, à point nommée Révélations ?
JP : Des acryliques sur papier créées en superposant des feuilles peintes de part et d’autre avant que je les déchire par endroit pour laisser apparaitre l’image ultime, celle que je cherche tel un archéologue. Et puis aussi, des sculptures, des céramiques.
JC : Cette ville, New York, tu y reviens pour la première fois depuis des années. Que te révèle-t-elle ?
JP : Je ne suis pas venu ici depuis 20 ans. La première fois que je suis venu à New York, je me suis dit que c’est une ville, si j’avais eu 20 ans de moins, où je serais resté. Je ne savais pas que New York allait me plaire autant. Certains quartiers sont plus intéressants que d’autres, mais il y a tout dans ‘le quartier’. On a l’impression que chaque quartier est une ville. Donc New York est une multitude de villes avec des passerelles entre elles. Chaque quartier fonctionne de façon parfaitement autonome, et cela me plait énormément. C’est une ville très animée, c’est très coloré, on y trouve beaucoup de choses et pour un artiste, c’est absolument formidable.
Révélations. Exposition des toiles et céramiques de Jean-Pierre Formica.
Du lundi au vendredi, de 10h30 à 17h00.
Boccara Gallery / Laverdin Fine Arts – 232 East 59th Street – New York